Comment Joe Biden répond-il au mythe des 100 premiers jours d’une présidence ? Sont-ils annonciateurs d’une grande réussite ou d’une catastrophe ?

Joe Biden est le 46ème Président américain. A 78 ans, il est le président le plus avancé en âge de l’histoire des Etats-Unis. La preuve en est que l’Amérique n’est pas un pays jeuniste : beaucoup de personnes de 70 ans ou plus sont des vedettes. L’âge leur importe peu.

Avec sa personnalité posée et réfléchie, certains voyaient Joe Biden, surnommé « Sleepy Joe » par Donald Trump, comme le candidat de raison, le président de transition : erreur. Il se positionne dès le départ avec une ambition féroce et exemplaire.

Un plan de relance de l’économie sans précédent

S’il est encore tôt pour se prononcer sur sa politique extérieure, sa politique intérieure est déjà remarquée et remarquable avec le lancement de deux plans de soutien économique historiques pour le pays.

Joe Biden semble vouloir marquer une rupture dans l’histoire de l’économie américaine. En effet, la classe moyenne voit ses salaires baisser voire stagner depuis des années et Joe Biden souhaite prouver aux américains qu’il les comprend et les écoute. Il a donc décidé de mettre en place un véritable tsunami d’investissements publics, du jamais vu depuis Johnson, le président qui avait pris la suite du mandat de Kennedy.

Joe Biden veut marquer la fin de 40 années d’appauvrissement de la classe moyenne. Avec des plans d’investissement qui s’élèveront autour des 4 000 milliards de dollars s’ils sont votés.

Qu’en est-il des 100 premières journées de Kamala Harris ?

On peut également questionner les 100 premières journées de Kamala Harris. Elle est en fait peu visible pour le moment, alors que les journalistes se plaisaient à murmurer qu’elle allait sûrement éclipser le Président dès le début de son mandat…

Selon Alain Frachon, éditorialiste au journal Le Monde, il est normal, dans sa fonction de colistière, qu’on la voit peu. Apparemment, elle est très présente dans le bureau ovale de la Maison Blanche où Joe Biden la maintient proche des événements et décisions. Mais pour le moment, elle reste relativement absente de la presse, donnant très peu de conférences et elle ne va pas à l’étranger.

Homme de compromis ou homme d’action ?

Le passé de Joe Biden lui a donné une image d’homme de compromis. Au cours de sa carrière politique, il n’a pas eu de grandes actions, de grands changements associés à son nom. Il a aussi été vu, prenant des décisions lourdes de conséquences sur les budgets liés au social, à l’éducation, etc, lui ôtant pour toujours l’auréole du parfait petit homme de gauche.

Cependant, il pourrait bien nous réserver quelques surprises car son expérience en temps que colistier lors du mandat de Barack Obama lui a énormément appris. Il avait été reproché à Barack Obama de ne pas avoir été assez ambitieux et surtout de ne pas l’avoir été dès le début de son mandat, ceci afin de s’inscrire dans une forme de rapidité. C’est donc de cette expérience que Joe Biden tire un enseignement qu’il met en pratique : agir vite pour pouvoir agir plus.

Autre expérience : les plans de relance de l’économie. Barack Obama en avait mis un en place lors de son mandat – de 750 millions de dollars – et il lui en avait confié la gestion.

Lors de la crise de 2008, il a été reproché au gouvernement de sauver des banques et de ne pas s’occuper de la classe moyenne. Beaucoup ont dit qu’Obama avait manqué d’audace et que les inégalités s’étaient creusées lors de sa présidence. Joe Biden retient donc qu’il faut faire preuve d’ambition en début de mandat.

Le Président, qui a grandi au sein d’une famille modeste, sait ce que c’est que de perdre son emploi, ayant vu son père le vivre et il avait clairement exposé aux américains de la classe moyenne lors de son élection son désir d’agir pour eux.

Joe Biden est donc en train de créer un moment rooseveltien avec un renouveau de l’état providence aux Etats-Unis. De « sleepy Joe », il semblerait alors que l’on soit passé à un « speedy Joe » ou « Joe 100 000 volts ».

Apparemment, il a installé le portrait du Président Roosevelt dans son bureau. Roosevelt qui avait mis en place de grands plans de relance uniques dans l’histoire de l’économie du pays et dans le paysage de l’économie mondiale. Un président qui reste dans les esprits comme celui qui comprenait les souffrances du peuple, valeurs que veut également imposer Joe Biden.

Des plans de relance impressionnants

Il a donc décidé d’investir dans :

  • L’économie verte : avec un axe important en faveur des véhicules électriques ;
  • Les infrastructures : autoroutes, aéroports, routes, dans un pays où une majorité des routes sont en mauvais état ;
  • Internet à haut débit pour tous : avec le développement de l’accès au réseau, notamment dans les zones rurales.

Les chiffres d’investissements proposés sont énormes, les plus importants de l’histoire de l’Amérique.

Il investit également beaucoup d’argent pour la production du vaccin contre le Covid, avec 14 milliards de dollars. Et son équipe met en place toute la stratégie de diffusion du vaccin avec 35% de la population déjà vaccinée.

Jamais autant d’argent public n’a été distribué depuis 1945 avec un slogan en trame de fond :

America is back.

Et sur le plan des affaires étrangères ?

Le Président souhaite également agir vite et fort par rapport à la Chine et la Russie.

Une première rencontre tendue avec la Chine

Un 1er sommet a déjà eu lieu avec la Chine, en Alaska, à Anchorage, la plus grande ville d’Alaska et la rencontre a quasiment tourné à l’affrontement. La compétition est annoncée entre les deux super puissances.

La Chine répond aux critiques du gouvernement américain en leur rappelant qu’ils ne sont pas le modèle mondial, que le modèle américain est critiqué aussi bien par son peuple que par différents pays du monde entier. Joe Biden n’a pas hésité à leur répondre que cela n’avait jamais été un bon pari que de parier contre les Etats-Unis.

Un tournant décisif en Afghanistan

Joe Biden a fait le choix du retrait total des troupes américaines d’Afghanistan. Il a déclaré : l’heure est venue de mettre fin à la plus longue guerre d’Amérique. Les américains apprécieront car ils sont lassés de ces guerres sans fin. La classe moyenne ne comprend pas pourquoi l’Amérique est encore engagée dans ces guerres à l’étranger…

Les relations des Etats-Unis avec la Russie

Joe Biden n’a pas hésité à déclarer publiquement que Poutine était un meurtrier. Il évoque souvent l’âme humaine ainsi que le fait que c’est à cela que l’on peut juger les gens. Il a clairement dit à Poutine qu’il n’en avait pas. Face à la Russie, la situation est donc plutôt tendue aussi.

Biden s’oppose ouvertement à l’idéologie politique de la Russie. Il veut prouver que la démocratie fonctionne. Il veut leur prouver qu’elle est supérieure à l’autocratie. Biden entend donc bien mener cette bataille idéologique et ainsi affirmer ses idées face aux plus grands dirigeants de la planète.

L’immigration

Joe Biden doit faire face à la crise de l’immigration à la frontière mexicaine.

Joe Biden expose clairement vouloir défaire ce que Trump a mis en place et qui a séparé des enfants de leurs familles à la frontière mexicaine. Il ne renverra donc pas les enfants chez eux.

Cependant, la situation reste inquiétante car le nombre de passages de mineurs à la frontière américaine atteint des milliers. Des vidéos existent sur lesquelles on voit des passeurs lâcher des enfants de 3 ans, 5 ans, par-dessus un mur de huit mètres de haut et s’enfuir en courant. Ensuite, les enfants sont récupérés dans des sortes de camps mais ils s’entassent par milliers et cela devient difficile de savoir quoi faire de ces enfants.

En traduisant les annonces en espagnol, le gouvernement essaye de faire passer le message aux mexicains que les frontières sont fermées, qu’ils ne doivent pas venir, que les parents doivent cesser d’envoyer leurs enfants… Un problème d’immigration de ce type reste un problème complexe.

Biden va-t’il s’attaquer à la problématique du port d’arme ?

Lors d’une fusillade à Indianapolis, un homme a récemment tué 8 personnes.

Le port d’armes est la maladie américaine.

Douglas kennedy

Aux Etats-Unis, on peut essayer des armes comme on essaye une veste. Sur ce sujet, le combat de Biden s’annonce difficile, et notamment à cause de la NRA, le fameux lobby des armes qui s’appuie sur le 2ème amendent de 1791 qui déclare que : le droit du peuple de détenir des armes ne doit pas être transgressé, ce qui en fait un élément profondément enraciné dans leur culture.

  • 393 millions d’armes à feu en circulation,
  • 67% disent en posséder une pour se défendre.

Le président n’a pas tous les pouvoirs sur ce point, il y a toute une bataille constitutionnelle à mener. Et il faudrait une majorité des deux tiers au Sénat pour faire changer les choses et aujourd’hui, c’est 50 – 50 entre les démocrates et les conservateurs, d’où la difficulté annoncée de faire bouger les lignes prochainement.

Les violences policières envers les noirs

De nouvelles violences policières envers la communauté noire à Minneapolis ont eu lieu. Après la mort de George Floyd, le même type de scène s’est répété, provoquant la mort de Daunte Wright. La policière supposée coupable a été inculpée. La police américaine semble être gangrénée par un racisme endémique lorsque l’on sait que les trois-quarts des personnes tuées par la police sont des noirs.

Et pendant ce temps… que fait Donald Trump ?

Donald Trump joue au golf mais continue à faire de la politique visant les élections de la mi-mandat.

A savoir qu’il est désormais privé de son média favori car en janvier 2021, Twitter a banni Donald Trump. Il est donc désormais absent du réseau social alors qu’il avait l’habitude de poster 20 à 30 twits par jour.

Désormais, il envoie des mails à son fichier de sympathisants, accusant bien sûr régulièrement la gauche d’avoir truqué l’élection et de vouloir détruire le pays.

Conclusion : le regard de Douglas Kennedy, écrivain américain

Douglas Kennedy est un écrivain, romancier, qui sillonne l’Amérique.

Electeur démocrate, il se dit surpris par l’action de Joe Biden, par son côté progressiste.

Il voit beaucoup de changements, avec déjà 35% de la population vaccinée. Il constate et déplore également un gouffre, une fracture immense et béante qui s’est renforcée entre les deux Amérique : celle de Trump et celle de Biden, avec une impossibilité de discussion entre les deux camps.

Pour conclure sur une note plus légère, Douglas Kennedy, francophile invétéré, passionné par la culture française et par la ville de Paris, vient de sortir un roman nommé : « Isabelle, l’après-midi« , une histoire sensuelle, véritable déclaration d’amour à Paris.

Source : C Politique sur France 5 du dimanche 18 avril 2021

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