Certaines images appartiennent à Juliane Santoni – Tous droits réservés
J’ai interviewé Juliane Santoni, docteure en Sciences de gestion spécialisée en entrepreneuriat. Elle accompagne des entrepreneurs depuis huit ans dans différentes organisations, et allie son approche d’accompagnante et de chercheure à sa pratique de psychopraticienne certifiée en approche systémique de Palo Alto.
Elle a fondé le programme Entrepreneurial Mindset Evolution Mentorship® à destination des entrepreneurs qui souhaitent dénouer les blocages en lien avec leur stratégie et leur mindset/psychologie, avec une édition spéciale femmes : LIBRE | Women’s Mentorship afin de les aider notamment à se libérer des freins liés à l’auto-censure. Pour en savoir plus : https://www.julianesantoni.com/

Voici les points clés de notre échange :
A quelle étape de ton parcours as-tu eu l’occasion de partir aux Etats-Unis ? Et qu’as-tu fait sur place ?
Je suis partie aux Etats-Unis après mes deux premières années d’école de commerce. J’ai étudié à Texas A&M University où j’ai suivi des cours en entrepreneuriat, management de projet, histoire du Texas, women’s studies (étude de l’évolution de la place des femmes dans les médias, la société, la politique, etc).
J’ai été recrutée dans l’association American business women’s association qui a pour objectif de favoriser le développement de son réseau, l’empowerment, le développement du leadership pour les women in business.
J’ai aussi travaillé en tant qu’Event planner, ce qui a été très formateur et m’a permis de me rendre compte des différences culturelles, de voir comment les choses se déroulaient d’un point de vue professionnel.

Qu’est-ce que tu as trouvé là-bas que, selon toi, tu n’aurais pas pu trouver en France ? En quoi cela a changé ta vision du monde et de toi-même ?
Mindset entrepreneurial et réussites
Ce qui a transformé ma manière de voir les choses, c’est la vision de l’échec qui n’est pas la même aux Etats-Unis et en France. L’échec pour eux est avant tout la preuve d’avoir osé, l’échec est plutôt vu comme une opportunité d’apprentissage, comme une expérience.
Quand on parle d’entrepreneuriat et de financement : on dit que si un banquier te demande aux États-Unis combien de fois tu as planté une boîte avant de t’accorder un prêt et que tu lui dis « aucune », il te répondra : « revenez quand vous l’aurez fait » – parce que c’est une marque d’expérience. Alors qu’en France, si tu as connu un échec entrepreneurial, on dit que les banquiers seront beaucoup plus frileux.
Le monde anglo-saxon est plus en avance sur le sujet du mindset entrepreneurial ; travailler son état d’esprit pour entreprendre. Je trouve que la vision américaine a tendance à être moins pudique sur le sujet l’argent et de la réussite, des réussites en général. J’ai observé ça dans un programme international dont j’ai fait partie avec différent.e.s entrepreneur.e.s ; en Europe, nous sommes moins à l’aise à parler de nos objectifs lorsqu’ils sont ambitieux, de nos réussites, de nos échecs ou tentatives ratées.
J’ai un exemple en tête qui me revient : les salaires des profs de l’Université au Texas étaient publics et consultables par tous. En France, les discussions autour des salaires sont beaucoup plus taboues.
Sentiment d’appartenance et célébrations
J’ai été aussi marquée par toute la symbolique autour du sentiment d’appartenance à l’Université, déclinée partout : les couleurs, les vêtements, les objets. Il y a tout ce marketing autour de l’école mais pas seulement, il y a aussi des valeurs fortes, des hymnes en tant qu’éléments clés de la culture de l’Université et de la ville universitaire où j’étais.
Il y avait un Corps of cadets qui portait les valeurs fortes de l’Université.
J’ai trouvé ça très intéressant. Il y a des codes, des expressions, un langage autour de ça qui ancre la création de la culture de l’Université.
De manière générale, je trouve qu’il existe une american way de célébrer les événements qui marquent les étapes de la vie, par exemple leur remise les remises de diplômes, les rituels au moment de leur graduation, leurs traditions autour des mariages ou babyshowers, les rituels autour des matchs de sport…

D’un point de vue plus personnel, qu’as-tu aimé et qu’est-ce qui t’a le plus marqué lors de cette expérience à l’étranger ?
Communauté et innovation
J’ai aimé cette idée de rendre à la communauté dans laquelle on a grandi lorsque l’on a atteint le succès, le concept de : « Give back to community ». Cette notion est assez forte aux Etats-Unis. Je me souviens par exemple qu’un de nos profs d’entrepreneuriat avait fait témoigner un entrepreneur texan de 40 ans, devenu millionnaire, qui s’était retiré des affaires et qui avait à cœur de partager son expérience et de s’impliquer dans des actions permettant de dynamiser la communauté.
Etudier aux Etats-Unis m’a aussi permis d’expérimenter le principe d’active learning ; à l’Université, nous avions très peu d’heures de cours mais beaucoup de préparation personnelle en amont – une manière différente d’apprendre, avec un système d’éducation basé sur une certaine responsabilisation et des temps de cours en classe réservés à l’échange et à la réflexion collective.
J’ai été très impressionnée par les avancées américaines et les innovations en termes de recherche dans le secteur de la santé. A San Antonio, j’ai visité un centre de réhabilitation pour les militaires vétérans et j’ai été épatée par leur utilisation de la réalité virtuelle pour les aider à se réintégrer dans la vie quotidienne.
L’immensité et l’accueil du Texas
J’ai aussi été marquée par la chaleur de l’accueil au Texas : passer Thanksgiving avec une famille américaine, dîner chez différents professeurs de l’Université et familles sur place… Des moments de vie quotidienne qui marquent et rendent l’expérience authentique. Le cliché d’un Texas conservateur et traditionnel existe, mais il est à nuancer.
On dit Everything is bigger in Texas et c’est le cas ! Tout est immense : le Texas est aussi grand que la France. Il y a de l’espace qui donne une belle impression de liberté. On a cette image d’un pays assez désertique, mais en fait une partie du pays est très verte, les paysages sont en fait très variés : canyons, déserts, lacs, forêts [Voir la photo de couverture de l’article prise par Juliane].
Selon toi, qu’est-ce qu’une expérience à l’étranger apporte et en quoi il est indispensable de s’ouvrir au reste du monde via les voyages et l’apprentissage des langues étrangères ?
S’ouvrir à l’expérience internationale
Partir vivre à l’étranger était une évidence pour moi.
A chaque voyage, ce sont des transformations qui ne s’oublient pas , avec ce sentiment d’avoir des choses à découvrir et à apprendre partout où l’on va.
Le fait d’avoir à la fois étudié et travaillé dans le pays fait que l’on s’imprègne complètement de la culture sur place, ce qui est différent d’aller aux Etats-Unis en court séjour touristique. J’y ai vécu, et donc j’ai expérimenté le quotidien, et ce sont des moments dont on se souvient longtemps après. Pour moi c’est ça la différence, c’est ça l’expérience qui transforme vraiment. Ce n’est pas qu’une bulle ou une parenthèse ; quand on revient, on est différent.e.
Vivre aux Etats-Unis a longtemps été un de mes rêves, et je mesure la chance d’avoir pu le faire.
Juliane santoni
Pour moi, ce qui fait le charme d’une expérience à l’étranger, ce sont ces moments « simples » du quotidien que tu trouves extraordinaires quand tu es sur place, parce que tout est nouveau, tout est enthousiasmant.
Je vous partage quelques-uns des miens :
- Participer au Midnight Yell dans le stade Kyle Field un vendredi soir, veille d’avant match de Football américain

- Conduire des miles sur les routes Texanes et tomber sur des champs de blue bonnets

- Ecouter une playlist country spéciale road trip
- S’arrêter à chaque groupe qui joue en Live dans les rues d’Austin

- Apprendre une line dance dans un bar de l’Université
- Croiser des long horns au détour d’un ranch

- Apprendre l’hymne de l’Université, The Aggie War Hymn
Apprécier son pays au retour
« Voyager permet aussi de mettre les choses en perspective, et de mesurer la chance que l’on a d’avoir grandi en France. »
Une réflexion sur “Une française raconte son expérience au Texas”